Maria Fernanda Di Giacobbe © Photos Rob Blackhurst
La chef venezuelienne Maria Fernanda Di Giacobbe a remporté la première édition du Basque culinary world prize pour ses projets autour du cacao. Son prix de 100 000 euros lui a été remis lundi 11 juillet à Saint-Sébastien
Une fève de cacao, petite par la taille, peut avoir de grands effets sur les hommes voire changer leur vie. C’est du moins ce que tente de démontrer, depuis 2004, la chef venezuelienne Maria Fernanda Di Giacobbe avec ses projets Kakao et Cacao de origen.
Lundi 11 juillet, au musée Balenciaga de Getaria, son travail a trouvé une nouvelle consécration, au-delà des frontières de l’Amérique Latine, puisqu’elle est devenue la première lauréate du Basque culinary world prize, attribué par le Basque culinary center ( BBC) de Saint-Sébastien, avec le soutien du gouvernement basque.
Ce prix inédit, doté d’un chèque de 100 000 euros, avait pour but de récompenser des hommes ou des femmes qui « démontrent que l’on peut améliorer la société par le biais de la gastronomie ». Parmi les 110 candidatures, le jury du Basque culinary world prize, composé de grands noms de la gastronomie, a donc décidé de récompenser cette cuisinière, chef d’entreprise mais aussi artiste et artisan chocolatier.
Depuis plusieurs années, Maria Fernanda Di Giacobbe a mis en place un « écosystème de formation, de recherche et développement autour de la fève de cacao criollo », qu’elle considère comme une «source d'identité, de culture et de richesse économique » pour son pays. Ainsi, elle soutient les producteurs locaux avec les ressources dont ils ont besoin pour améliorer leur produit - y compris les processus de production, de fermentation et de marketing – afin d’exporter ce cacao auprès des chocolatiers du mouvement «bean to bar » (de la fève à la tablette, NDLR). A ce jour 60 producteurs ont rejoint le projet Cacao de origen.
Par ailleurs, dans un pays fragile politiquement, la lauréate aide également les femmes à obtenir des formations et à travailler autour du chocolat. Elle a déjà formé 8 500 personnes grâce à ces différents programmes et initiatives. De plus, en collaboration avec l’Université Simón-Bolivar, elle a également créé un programme de gestion de l’industrie de cacao, dont 1 500 étudiants ont déjà obtenu leur diplôme (94 % de femmes).
« Une nouvelle dimension »
Lundi, en recevant sa récompense au Pays basque espagnol, Maria Fernanda Di Giacobbe a expliqué que ce prix lui montrait « qu’ils étaient sur le bon chemin». « Cela fait des années que nous formons les gens à interagir par le biais du cacao et du chocolat. Nous avons un solide modèle d’esprit d'entreprise qui améliore la vie de nombreuses femmes, de leurs familles et de leurs communautés. Avec ce prix et grâce aux chefs du monde entier, notre travail prend aujourd’hui une nouvelle dimension, grâce à un nouvel élan. Nous avons beaucoup de travail devant nous. Vous nous rapprochez de nos objectifs et nous ouvrez de nouveaux horizons qui nous relient au monde. Le tissu de ce merveilleux réseau entre les producteurs, les chocolatiers, les entrepreneurs, des chercheurs, des experts et des consommateurs, a restauré notre identité et nos plantations. Il conduit à ce que des jeunes plantent encore des cacaos criollo, qu’ils étudient pour devenir des chocolatiers en quête de qualité et qu’ils se plongent dans notre histoire, la culture et la tradition du cacao, pour qu’ils comprennent qu’au Venezuela, nous sommes le cacao.»
María Fernanda Di Giacobbe y su red de transformación social desde el cacao y el chocolate: https://t.co/bOE4nMOzqw pic.twitter.com/UIphRtU6eF
— Cacao de Origen (@CacaoDeOrigen) 25 juin 2016
Pour Joxe Mari Aizega, le directeur du Basque culinary center et membre du jury, « le gagnant est un exemple tangible de la responsabilité que peut impliquer le fait d’être cuisinier ou cuisinière aujourd'hui. Parmi les nombreuses distinctions qui existent dans le monde, le Basque culinary world prize tient à récompenser des actions concrètes et transformatrices, indépendamment du niveau ou de la notoriété du chef. C’est ce qui le rend si émouvant». Mission accomplie pour cette première édition.