Pays basque : peut-on encore boire des chocolats chauds ? (27/10/2020)
Le chocolat chaud des chocolatiers entre-t-il aussi dans les restrictions préfectorales ?
En cas de reconfinement, c'est à la maison qu'il faudra le déguster © photo archives J. M.
Depuis dimanche, il n'est plus possible de consommer de cafés ou de boissons seuls dans les Pyrénées-Atlantiques, à la suite des décisions préfectorales. Si la plupart des bars ont baissé le rideau, pour les salons de thé et de chocolat, l'incompréhension persiste.
C'est un rituel apprécié de tous dès les premiers frimas : boire un chocolat chaud. A Bayonne, dans la capitale du chocolat, le chocolat chaud préparé à partir de vraies tablettes est même une spécialité de plusieurs chocolatiers de la ville. Mais avec les dernières restrictions préfectorales, liées à la pandémie de Covid-19, c'est "le grand flou" dans les salons de dégustation, quant à savoir si l'on peut encore s'attabler pour profiter des délicats breuvages.
" Le décret est flou et nous n'avons pas été capables de trouver quelqu'un qui soit en mesure de nous répondre clairement, résume Florian Bénac, maître chocolatier de l'historique maison Cazenave, connue pour son chocolat moussé. Nous sommes partis du principe que nous ne servons que des chocolats chauds avec les toasts et la brioche beurrée, puisqu'il faut se restaurer, mais comment savoir si c'est suffisant ? Nous sommes obligés d'expliquer qu'on ne peut pas servir de chocolat seul mais ça me gêne d'imposer des consommations à une table de quatre, par exemple. Et que penser de nos glaces ? Cette situation est anxiogène pour les salariés. Je comprends qu'il faut prendre des mesures vue la progression de l'épidémie, mais il faudrait une consigne compréhensible pour tous. Pourquoi pourrait-on se restaurer entre 12 h et 14h et ne pas venir goûter entre 16h et 19h ?"
Quelle définition du "plat élaboré" ?
Dimanche, le sous-préfet de Bayonne, Hervé Jonathan, rappelait qu'il fallait servir " un vrai repas élaboré, pas avec une planche de charcuterie ou une gaufre" pour ne pas être sanctionné. Mais où placer le curseur du "plat élaboré" ? Des pâtisseries fraîches confectionnées sur place ou des toasts réalisés par une personne dédiée en cuisine suffisent-ils ? Difficile de s'y retrouver également quand certains installent des tables devant leur point de vente pour permettre à des clients de boire des cafés à emporter.
" Dimanche, à Biarritz, on nous a dit de fermer la terrasse, rapporte Ronan Lagadec de Monsieur Txokola, dont la boutique proche des halles propose des boissons à déguster. On nous a dit, ça ne peut être que des boissons à emporter. Mais je n'ai pas eu de mails de la mairie, pas d'interlocuteur pour me dire ce qu"il fallait faire".
"Une fois de plus, il va falloir s'adapter mais si seulement on pouvait avoir plus d'indications pour nous laisser le temps de nous préparer. Il faudrait un canal de diffusion unique pour avoir un seul son de cloche et savoir comment s'adapter ", déplore-t-il.
"Livré à nous-même"
Chez Christophe Puyodebat, à la Tasse à Moustache, le salon dégustation à l'étage de la boutique est resté ouvert aux horaires habituels. Pas de réponse précise pour lui non plus quand à savoir s'il faut accompagner toutes les boissons de mignardises ou autres douceurs.
En bord de Nive, chez Chocolat Pascal, la même incompréhension dominait mardi matin. " Je ne sais pas quoi faire, lâche Pascal Moustirats. On est livré à nous-même. La mairie nous renvoie vers la préfecture. Personne ne sait si on peut continuer à servir des chocolats chauds ou pas. C'est absurde, je vais devoir improviser. Après tout, je suis artisan chocolatier pas bistrotier."
Ces restrictions viennent toucher une profession qui avait déjà été impactée par le confinement de mars dernier, alors que les fêtes de Pâques se préparaient. Si la clientèle a témoigné de sa fidélité, le manque à gagner n'a pas toujours été rattrapé pour ces artisans qui espèrent encore sauver la période des fêtes.
Les annonces du président de la République Emmanuel Macron, ce mercredi 28 octobre, permettront peut-être de mettre les choses à plat, au moins pour quelques semaines.
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